Parole de Carolo – François Vandermolen (« Ça bouge à Soleilmont ») – Du neuf avec l’ancien
Temps de lecture : 8 minutes

« Pourquoi l’appellation « Ça bouge à Soleilmont », en abrégé CBAS ?  Nous voulions que le nom de l’abbaye y figure. C’est pour valoriser le patrimoine du site que nous agissons. Et bouger, c’est venu comme ça dans une discussion du groupe. Le verbe colle à la dynamique du projet ».

Rendre au patro ce qu’il nous a donné

Un projet collectif, porté depuis 10 ans par une bande d’amis, tous anciens du patro Saint-Remy de Gilly.

François Vandermolen, 41 ans, s’en fait le porte-voix aujourd’hui.

Il nous reçoit dans un des bâtiments que l’association a fait rénover, au cœur du site de l’Ancienne Abbaye de Soleilmont dont il ne reste que des vestiges après l’incendie qui l’a ravagée en décembre 1963.

Il insiste, à peine assis, sur l’esprit collectif de l’équipage

« Nous sommes quinze amis unis par l’attention que nous portons au patro qui nous a fait grandir et par notre goût pour les projets en commun.

Quelques années après avoir terminé notre période d’animateurs et participé, pour certains d’entre nous, aux mouvements étudiants, nous nous sommes retrouvés autour d’une interrogation. Que pouvions-nous faire pour contribuer au bien-être de ce mouvement de jeunesse nous avait apporté tant de positif dans nos vies ? Comment rendre au patro ce qu’il nous a donné ?

Il parle en manager

Nos réflexions nous ont conduits à mettre nos idées et notre motivation au service d’un objectif commun : dynamiser ce cadre fantastique de l’Ancienne Abbaye de Soleilmont. Nos orientations professionnelles et nos profils différents sont complémentaires, un atout indispensable pour mener à bien un projet de cette ampleur, multidisciplinaire ».

Les rôles sont bien définis. Le sien ? Coordinateur et chargé de la communication. Il parle en manager. Souriant, précis, efficace.  Ambitieux. Droit au but. Une vision claire d’un projet qui n’est qu’à son début.

Un cadre magnifique, encore trop méconnu

Le choix de Soleilmont exprime tant leur gratitude envers le mouvement que la volonté de concrétiser dans un projet aussi engagé, les valeurs héritées de leurs années patro.

Offrir aux patronnées un cadre agréable et sécurisant

« Comme premier chantier, nous avons effectué ou fait effectuer des travaux nécessaires pour offrir au patro des filles un cadre de jeu agréable et sécurisant qui leur permette de s’épanouir pleinement. Le bâtiment qu’elles occupaient, en 2014, sur le site de l’ancienne abbaye avait besoin d’un sérieux lifting. Il fallait le mettre aux normes incendie et électricité, remplacer les toitures, installer des châssis ».

Le patro des filles avait dû quitter l’école du Sacré-Cœur de Gilly en 1998, quand l’établissement a eu besoin de leur local. Les garçons étaient et sont restés Place Chantraine.

Leur nouvel abri appartient depuis 1973 à l’ASBL paroissiale Interparoibat. Elle avait acquis une des trois parcelles du site de l’ancienne abbaye, mises en vente à des privés, après que les religieuses cisterciennes se furent établies dans la nouvelle abbaye de Soleilmont, construite dans le bois éponyme.

La rénovation en marche…

Promouvoir le « vivre ensemble »

Avec le deuxième projet mené conjointement, le groupe entrait dans le vif du sujet : « dynamiser le cadre de l’ancienne abbaye, dans le but de promouvoir le « vivre ensemble ».

« Nous avons songé à organiser un week-end festif en insistant sur la solidarité, le partage, la lutte contre l’exclusion sociale et l’engagement citoyen ».

En mettant en avant les valeurs héritées du patro, François Vandermolen indique clairement que l’équipe de CBAS ne se définit pas seulement comme une organisatrice d’évènements. Il ne cache pas que ces week-ends sont indispensables pour soutenir financièrement la rénovation. Et se réjouit au passage d’avoir – en collaboration avec l’ASBL Ancienne Abbaye de Soleilmont – reçu en 2019 un chèque de 8000 € des mécènes du collectif Sambria de l’association Prométhéa qui récompense des initiatives de mise en valeur d’espaces de qualité architecturale et/ou patrimoniale, dans le Grand Charleroi, au profit de projets culturels/artistiques accessibles au public.

« Ce sont des moyens. Ils nous ont aidés à choisir les axes de développement pour exploiter et donc valoriser le haut potentiel, historique et naturel du site : le patrimoine, la nature, la jeunesse et le sport ».

A cheval sur trois communes

La première organisation fut un rassemblement sportif en 2015. Au programme : un afterwork brassicol, un jogging, une marche Adeps et des activités pour enfants.

Etonnement de plusieurs participants : ils ignoraient la grandeur, la beauté et parfois même l’existence du site. Est-ce parce qu’il est éloigné des centres des trois communes, Fleurus, Charleroi (Gilly) et Châtelet (nord-ouest de Châtelineau) qu’il chevauche à leurs extrémités ?

François Vandermolen ne le pense pas. Il déplore juste que ce patrimoine remarquable ne soit pas assez connu. On peut dire qu’au moins, il n’y a pas de tensions entre les communes qui, ailleurs, pourraient avoir tendance à tirer la couverture à elles. Une complexité tout de même : l’obligation de solliciter les trois communes à chaque édition.

« Il faut effectuer trois fois les mêmes démarches pour la police, les pompiers, les secours, la mobilité. Le principal enjeu, c’est la coordination. Mais notre équipe est rodée et les administrations à l’écoute ».

Un patrimoine remarquable, le portail et la porte d’origine ont été restaurés il y a quelques années. Les abords ont été aménagés par la ville de Châtelet.

Un rendez-vous incontournable

L’organisation a grandi au fil des ans au point de devenir un rendez-vous incontournable de chaque printemps, rassemblant plus de quatre mille personnes. L’édition 2024 aura lieu les 19, 20 et 21 avril dans le magnifique cadre de l’Ancienne Abbaye de Soleilmont.

Le menu comprend les propositions habituelles et quelques nouveautés.

Le week-end débute par le traditionnel « ça brasse à Soleilmont », un afterwork permettant de découvrir les richesses brassicoles du pays. On notera que le « vivre ensemble » concerne autant la convivialité autour d’une bonne « mousse » que le respect du voisinage. « Pas question de tolérer une dérive façon rave party, assure notre hôte. Nous nous adressons à un public sportif, familial avec une attention particulière pour notre quartier. »
Ouvert à 17 heure, le bar ferme à 22h30.

Pour les petits et les grands

Le samedi, 11h30, place aux enfants avec le nouveau spectacle Ici Baba !, le Kids Village de 13 à 17h30 et des courses à pied (100, 200, 400 et 800m)
Autre nouveauté : les courses pour adultes (15h – 5, 10 et 15 km) se termineront par un passage inédit au cœur de l’Ancienne Abbaye et compteront pour les Challenges du Hainaut et Vals & Châteaux.
Le dimanche, dernière nouveauté : la traditionnelle marche Adeps (5, 10, 15 et 20 km) sera agrémentée d’un marché des artisans et producteurs locaux de 8h à 17h. Deux promenades guidées seront organisées à 10 et 14h.
Tous les bénéfices de l’événement seront reversés au financement des projets de l’ASBL « Ça Bouge à Soleilmont » et de la Maison du Mieux Être qui accompagne les patients atteints d’un cancer (GHdC).

Le réconfort d’un sourire dans l’effort

Aucun frémissement laissant paraître un soupçon de tension ne vient perturber la sérénité du manager-coordinateur. « Quatre réunions suffisent pour préparer l’organisation. La machine est bien huilée. Notre groupe WhatsApp frétille à tout moment et se révèle surtout extrêmement efficace. Nous pouvons compter sur cent bénévoles. On a tendance à associer le bénévolat à de l’approximation. Ici, c’est plaisir, rigueur et qualité. On ne laisse rien au hasard pour proposer un événement qui marque les participants ».

La réussite ? Liée au mélange de générations

Et pas d’inquiétude pour le nombre et le type des artisans ? « Non, nous avons 4000 abonnés Facebook. Il a suffi d’annoncer l’événement. Nous avons refusé des candidatures car nous avons limité à 30 emplacements ».

Le professionnalisme de l’organisation ne suffit pas pour en expliquer le succès.

« Je pense que l’élément essentiel, c’est le caractère intergénérationnel de nos bénévoles. Dès qu’on franchit le porche, on sent une ambiance joyeuse et sereine qui transpire des relations entre les volontaires. On utilise pour le meilleur la force de chaque génération. Les anciens nous ont spontanément proposé de s’occuper de la marche afin de dégager les plus jeunes pour les autres activités.

Le Bois de Soleilmont, 20 hectares, deuxième poumon vert de la région !

On ne change pas une équipe qui gagne

La cohésion de l’équipe de base est un autre facteur de succès. Même si les origines sociales sont distinctes, la matrice du patro et plus encore le projet qui réalimente la flamme facilite les contacts. On ne change pas une équipe qui gagne, dit-on, surtout quand les joueurs se trouvent les yeux fermés.

« L’important, dans notre fonctionnement, c’est la confiance née de l’amitié. Chacun donne au groupe le temps et l’énergie qu’il peut proposer en fonction de ses disponibilités, des circonstances de vie. Personne n’est jugé sur la quantité de son apport.
La confiance, c’est aussi ce qui favorise la qualité de l’analyse après chaque édition. Nous voyons ce que nous avons encore envie de faire ensemble et donc, savoir où placer la barre. Nous ne devons pas nécessairement la placer le plus haut possible, en tentant par exemple d’attirer un maximum de personnes. Le but est de proposer une organisation impeccable dans une ambiance conviviale et de garder le même plaisir dans notre action ».

  • « Au sein du groupe, vous vous situez tous dans la tranche d’âge 25/45, avec une dominante « jeune quadra ». Ne pensez-vous à pas à la relève ?
  • Nous n’y avons pas encore songé. Dans notre tête, on a tous encore 20 ans et de l’énergie à revendre ! ».
Le bâtiment, à gauche de l’arbre, est prêt, reste à semer une pelouse.

Nous ouvrir à d’autres associations

Il est vrai que « Ça bouge à Soleilmont » a franchi le premier cap de sa progression que l’on peut comparer aux fondations. Reste à aménager le terrain devant le bâtiment rénové.

« Le défi des prochaines années, c’est d’ouvrir le site à d’autres associations pour qu’elles puissent y développer leurs activités. En plus du Patro, nous accueillons l’école du Cirque voisine – Circomédie – avec laquelle nous entretenons de bonnes relations afin de permettre aux enfants d’en profiter à fond. Nous pouvons aller plus loin en créant un lieu où les idées et les générations peuvent se rencontrer en accord avec les valeurs qui lui tiennent à cœur : la citoyenneté, le vivre ensemble, la solidarité, le partage, la lutte contre l’exclusion sociale et le respect de l’environnement ».

La porte est donc ouverte aux associations désireuses de trouver un pied à terre régulier dans ce lieu plein de ressources.

Fils de Gillyciens, Gillycien lui-même, François Vandermolen est très motivé par son engagement. Ingénieur, il occupe un poste de direction au sein de la société Syensqo, l’entreprise de chimie de spécialités, créée en 2023, issue de la scission avec le géant Solvay.

Quel regard porte-t-il sur le Charleroi au premier quart du 21e siècle ?

« On sent une dynamique et un sens affirmé des responsabilités de la part des administrations communales et de Charleroi Métropole. Les mentalités évoluent. Il y a des initiatives structurantes comme l’arrivée de l’université. Maintenant, tout cela doit encore se concrétiser par une relance économique en termes d’emplois et c’est là que nous devons collectivement être au rendez-vous. Si nous investissons à Soleilmont, c’est parce que nous sommes à Charleroi et que nous tenons à participer à son développement. A notre petite échelle, notre activité répond à un besoin de cohésion sociale pour le quartier. »

Avec toute l’équipe :

Bertrand De Belder, François Demoulin, Bérénice Deverd, Margaux Deverd, Gaston Doucy, Jean-Philippe Gillet, Benoît Goffart, Cédric Goffart, Damien Guelton, Luc Guelton, Nicolas Installé, Lionel Kamba, Sébastien Lambert, Stéphane Moyart, François Vandermolen.

Rendez-vous dans 10 ans !

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