Votre Majesté,
Vos Altesses royales,
Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités,
Chers amis, de Marcinelle, de Charleroi et d’ailleurs
C’est un grand honneur pour la Ville de Charleroi d’accueillir ce matin à Marcinelle des délégations tellement nombreuses et prestigieuses pour perpétuer le souvenir des victimes de la catastrophe du Bois du Cazier, le 8 août 1956.
Ils étaient des centaines, venus des quatre coins d’Europe. Mais également des compatriotes venus de Flandre.
Ils étaient jeunes. Ils avaient embarqué pour la plupart dans un train, vers le nord.
Vers un pays wallon froid et pluvieux, eux qui venaient de contrées souvent bien plus ensoleillées.
Ils venaient nourris d’un rêve qui est le rêve de tous les jeunes qui entrent à l’âge adulte avec très peu de moyens.
C’est un rêve que nourrissent tous les jeunes, à toutes les époques, et encore aujourd’hui, dans toutes les régions pauvres de notre planète.
C’est le rêve d’offrir à sa famille, d’offrir à ses enfants, un monde meilleur.
Et pour poursuivre ce rêve, cet espoir d’une vie meilleure, on est prêt à prendre le risque du sacrifice.
On se laisse convaincre par la propagande des affiches roses qui, au sortir de la guerre, dans les contrées des Abruzzes et ailleurs en Italie, engageaient les jeunes travailleurs à venir gagner leur vie au fond des mines du Pays Noir, le Pays de Charleroi.
Rien ne faisait mention de la dureté du travail au fond de la mine, du racisme à l’égard des nouveaux arrivants, des conditions pénibles d’hébergement.
Le prix du sacrifice.
Et au-delà de tout cela, du peu de cas qui était fait de la sécurité et de la santé des travailleurs.
Ils étaient prêts à se sacrifier pour l’avenir de leur famille.
La catastrophe les a contraints au sacrifice ultime. A payer de leur vie la dérive d’un système qui les a broyé.
« Tutti cadaveri ! »
Il a fallu la catastrophe du Bois du Cazier, ce 8 août 1956.
Il a fallu la mort de 262 jeunes hommes, issus des quatre coins de l’Europe, un drame au retentissement international pour qu’enfin l’opinion publique et les législateurs nationaux, puis européens, renforcent la sécurité et la protection des travailleurs.
Le sacrifice des 262 morts du Bois du Cazier et de tous les blessés de cette catastrophe aura permis bien des années plus tard d’améliorer la vie de tous les travailleurs.
Aujourd’hui, dans notre région, ce sont 262 sentinelles qui tous les jours rappellent aux représentants syndicaux, aux chefs d’entreprise et aux responsables politiques, la valeur d’une vie humaine sur un lieu de travail souvent très dangereux.
Si le monde du travail au sens large est redevable aux victimes du Bois du Cazier de leur sacrifice, la Ville de Charleroi l’est encore plus.
Vous avez embarqué un jour pour Marcinelle avec des rêves plein la tête en espérant un avenir meilleur pour vos familles, pour vos enfants.
Votre chemin s’est arrêté ici, à 1035 mètres de fond.
Pour vous, le ticket pour Marcinelle était un ticket pour la mort.
Mais pour vos familles, pour vos enfants, l’histoire ne s’arrête pas là.
C’est au cœur de la mine que le Pays de Charleroi plonge ses racines.
Aujourd’hui, vos enfants, Sophie, Loris, Nathalie, Daniel et tous les autres contribuent quotidiennement à construire le Charleroi de demain.
Comme vous, vos enfants et vos petits-enfants rêvent d’un monde meilleur dans une région de courage, de travail et de solidarité.
Aujourd’hui, d’autres migrants arrivent, d’autres pays. Ils viennent d’Afrique du Nord, de Turquie, du Moyen-Orient, d’Asie et de plus en plus d’Afrique subsaharienne.
Comme vous, ils fuient la guerre, la misère, les bouleversements climatiques.
Comme vous, ils veulent trouver en Wallonie, à Charleroi le rêve d’une vie meilleure.
Qu’ils sachent qu’ils trouveront chez nous une terre d’accueil.
Une communauté humaine qui vit et qui se nourrit de la richesse de tous ceux qui viennent chez nous avec un cœur courageux, travailleur et solidaire.
C’est avec cet esprit d’audace, d’enthousiasme et de foi dans l’avenir que nous continuerons ensemble à rêver d’un avenir meilleur pour Charleroi.
C’est avec notre travail, notre solidarité et notre sens de l’accueil de l’étranger que nous rendrons le meilleur des hommages aux victimes de la catastrophe du Bois du Cazier.
Merci à toutes et à tous pour votre attention.
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