Charleroi : vers une gestion financière responsable au service du citoyen
Les derniers comptes de la Ville de Charleroi pour l’exercice 2023 témoignent d’une volonté renouvelée de maîtrise des dépenses et de poursuite des investissements stratégiques. Alors que le budget communal ordinaire s’établit à 595 millions d’euros, l’analyse de sa structure met en lumière les priorités d’une politique financière soucieuse de répondre aux besoins des Carolos tout en préservant l’équilibre budgétaire.
Au premier rang des dépenses, figurent les transferts (227 millions d’euros), qui représentent 42 % du budget ordinaire. Ils se dirigent principalement vers le CPAS (81 millions d’euros), la zone de police (~71 millions d’euros) et la zone de secours (12,5 millions d’euros). Ces dotations, essentielles au fonctionnement des services publics de proximité, témoignent de l’engagement de la Ville à garantir un soutien social solide et à assurer la sécurité de ses habitants. Le reste des transferts, plus diversifié, est destiné à soutenir des secteurs tels que la culture, le sport et l’environnement, tout en engageant la Ville sur la voie d’une rationalisation progressive. Dans le cadre du « plan Oxygène », une réduction de 15 % est envisagée d’ici 2025, hors CPAS, zone de police et zone de secours, pour culminer à 25 % à l’horizon 2027, attestant d’une volonté de recentrer les subventions sur les missions essentielles.
Les dépenses de personnel (168,6 millions d’euros, soit 31 % du budget ordinaire) confirment le rôle majeur des agents communaux. Elles incluent 22 % consacrés aux pensions, rappelant l’importance de la gestion prudentielle des engagements à long terme. Sur le plan du fonctionnement, Charleroi enregistre 43,5 millions d’euros de dépenses, tandis que le service de la dette s’élève à 78 millions d’euros. Une évolution notable se dessine dans la diminution des intérêts de retard : 115 000 euros en 2023 contre 627 000 euros en 2017, une réduction significative qui appelle cependant à un renforcement de la sensibilisation des services concernés afin de poursuivre sur cette lancée.
Sur le plan des recettes, la Ville tire 35 % de ses ressources du Fonds des communes. Les additionnels (à l’impôt des personnes physiques et au précompte immobilier), qui représentent 21 % des recettes, restent inférieurs à la moyenne régionale (38 %) et révèlent le potentiel limité de la base fiscale locale. Le rendement par habitant, établi à 553 euros, se situe en deçà des 684 euros constatés en Région wallonne. Enfin, les taxes et redevances communales (29,5 millions d’euros, soit 5 % du total) complètent ce tableau, confirmant la volonté de ne pas alourdir outre mesure la fiscalité locale.
Le service extraordinaire, pour sa part, illustre la politique d’investissement soutenue menée à Charleroi. Sur douze exercices, de 2012 à 2023, plus de 800 millions d’euros d’investissements publics ont été engagés. Les infrastructures et le développement urbain ont ainsi bénéficié de moyens conséquents, reflétant le dynamisme de la Ville et la volonté d’améliorer le cadre de vie des Carolos.
À l’aube des six prochaines années, la gestion financière de Charleroi se veut à la fois ambitieuse et responsable. La structure des dépenses, dominée par les transferts et les charges de personnel, illustre la nécessité d’une vigilance continue dans l’affectation des ressources. Les ajustements prévus dans le cadre du plan Oxygène, sans remettre en cause la qualité des services ni la solidarité envers les plus fragiles, témoignent d’une approche graduelle et réfléchie. D’autre part, la dépendance au Fonds des communes et la relative faiblesse des recettes issues des additionnels invitent à une réflexion sur de nouveaux leviers de financement, dans le respect de l’équité fiscale.
Alors que la Ville poursuit sa modernisation – à travers l’amélioration de la numérisation de ses services et le télétravail, qui peuvent encore être optimisés –, l’ensemble des acteurs locaux est appelé à prendre part à cet élan d’efficacité. Sur le front de la dette, la réduction des intérêts de retard doit s’accompagner d’efforts soutenus pour pérenniser cette tendance et permettre une meilleure allocation des ressources publiques. Au-delà des chiffres, la priorité demeure la préservation de la cohésion sociale et la qualité du service public pour tous les habitants de Charleroi.
Forte de ces enseignements, la Ville entend consolider ses équilibres et demeurer attentive aux évolutions à venir. Les décisions qui seront prises dans les prochains exercices budgétaires s’inscriront dans la lignée d’une gestion sérieuse et raisonnée des deniers publics, avec pour objectif ultime la prospérité de la cité carolorégienne. À l’heure où de multiples défis s’imposent aux grandes villes européennes, Charleroi choisit résolument d’assumer sa vocation sociale tout en veillant à l’efficience de son administration et à la soutenabilité de ses engagements.