Caméras contre les dépôts sauvages à Charleroi : une stratégie ciblée pour faire reculer la délinquance environnementale
Temps de lecture : 6 minutes

À Charleroi, la lutte contre les dépôts sauvages repose désormais sur une stratégie structurée, au croisement de la prévention, de la surveillance et de la sanction. Dans cette stratégie, les caméras constituent le cœur de tout notre dispositif.

Cette approche globale repose sur une combinaison d’outils et d’acteurs, que nous résumons par l’acronyme BCPCP : Bordures, Caméras, Panneaux, Citoyens, Police. Chaque élément joue un rôle spécifique dans la résorption des points noirs, ces zones où les comportements inciviques se répètent semaine après semaine. Il y en a une quarantaine identifiés sur tout le territoire communal et ils concentrent le centre de notre attention.

Nous voulons apporter à ce phénomène une réponse différenciée selon qu’il s’agit de pollution locale, commise à pied par des habitants du quartier, ou de pollution motorisée, organisée à distance par des individus qui viennent souiller les abords isolés de la ville en toute impunité apparente.

L’exploitation fine des caméras mobiles intelligentes, articulée avec le travail de terrain des agents constatateurs, des ouvriers de Tibi et de Qevd (services internes de la ville), des fonctionnaires sanctionnateurs et de la police, permet d’enclencher un cercle vertueux : identification, sanction, sensibilisation et réaménagement physique.

👣 Dépôts de proximité : comment les caméras transforment notre manière d’agir dans les quartiers

Dans de nombreux quartiers de Charleroi, les dépôts sauvages sont le fait d’habitants du voisinage, qui déposent leurs sacs ou leurs encombrants à pied, à quelques mètres de leur domicile. Ce type de pollution de proximité nécessite une réponse à la fois fine et rigoureuse, adaptée à la réalité locale.

Les caméras intelligentes que nous déployons permettent non seulement d’identifier les auteurs, mais aussi de comprendre leurs trajectoires, leurs habitudes, et la manière dont certains lieux se transforment progressivement en dépotoirs de fait.

Ces caméras révèlent des scènes récurrentes : un même trottoir, une même place, régulièrement souillés de déchets ménagers, de seaux, de meubles, parfois même de déchets sanitaires. Ces lieux agissent comme des aimants à incivilités. C’est le cas notamment, parmi bien d’autres lieux :

  • de la place Ferrer à Gilly,
  • de la rue Eugène Hins à Marcinelle,
  • de la place des Martyrs à Gosselies,
  • ou, plus récemment, de la place Delferrière à Charleroi-Nord.

👉 C’est sur cette dernière que nous avons engagé, le 14 juillet 2025, une action d’envergure.

Cette opération a rassemblé les représentants de la Police locale, de la Police administrative, ainsi que la division « Répression environnementale » de l’intercommunale Tibi. Plusieurs dizaines de personnes ont été interpellées, soit parce qu’elles avaient été identifiées sur les images enregistrées, soit parce qu’elles étaient directement concernées par les nuisances en tant que riverains.

Des sanctions sont actuellement en cours d’instruction, et les retours de terrain, à la fois du personnel mobilisé et des habitants, renforcent notre conviction : c’est la présence humaine, visible, active et structurée, qui donne tout son sens à la technologie.

🎯 Ce travail se poursuit par une démarche de visites à domicile, menées par nos agents constatateurs et par les inspecteurs de proximité de la Police locale de Charleroi. Ces visites remplissent plusieurs objectifs :

  • Informer les ménages sur les règles de collecte, la signification des sacs (bleus, blancs, verts), les horaires ;
  • Rappeler les sanctions encourues : 50 € pour un sac bleu ou blanc sorti en dehors des périodes prévues, 150 € pour un sac gris ;
  • Sanctionner les contrevenants identifiés, en particulier en cas de récidive ;
  • Écouter les riverains qui, souvent, subissent ces désordres et expriment une attente forte de rétablissement de l’ordre.

Le rôle des équipes de terrain est ici central. Il implique une coordination constante entre :

  • les agents constatateurs de la Ville, en lien étroit avec la direction de la police administrative,
  • les agents de Tibi, qui apportent une connaissance précise des flux de collecte,
  • les relais de proximité (comités de quartier, Conseils de participation, antennes sociales du CPAS),
  • et les forces de police, qui assurent la légitimité et la continuité de l’action publique dans l’espace.

Cette approche mixte, à la fois pédagogique et répressive, répond à une exigence simple : la règle s’applique à tous, sans discrimination. Mais elle doit être connue pour être respectée, et rappelée pour être ancrée.

📌 Ce travail de terrain, renforcé par l’analyse des images, permet ainsi de viser une transformation durable des comportements, et de rendre visibles les efforts de ceux qui respectent les règles. Ces habitants méritent que la puissance publique les protège.

🚚 Pollution motorisée : une stratégie ciblée contre les infractions graves

À côté des pollutions de proximité, souvent commises à pied, Charleroi est confrontée à une autre forme de délinquance environnementale : les dépôts sauvages opérés à l’aide d’un véhicule motorisé.

Dans ce cas, le schéma est bien plus organisé, et l’intention frauduleuse plus manifeste. Il ne s’agit pas d’un sac oublié ou d’un geste isolé, mais d’un comportement structuré : chargement volontaire de déchets dans une camionnette, une voiture ou une remorque, puis déchargement illégal dans un endroit discret, souvent en dehors des zones habitées.

Les exemples sont nombreux : rue Fond Boulet à Marcinelle, rue Sous-le-Bois à Roux, rue de Munster à Jumet, rue des Vallées à Gilly, rue de la Jonction à Marichenne-au-Pont, rue Chauw-à-Roc à Roux, rue de l’Aqueduc à Marcinelle, etc.

Ces pollueurs agissent à distance, dans les friches, les chemins boisés, les entrées de terrils, les lisières du RAVeL ou encore les zones industrielles reculées. Ce sont précisément ces lieux qui, année après année, concentrent les signalements et la colère légitime des riverains.

🧱 Une première ligne de défense : bloquer les accès

Pour contrer ces agissements, la Ville déploie une première série de mesures concrètes :

  • pose de bordures lourdes,
  • implantation de têtes de roches,
  • fermeture d’accès par des blocs béton.

Ces aménagements dissuasifs permettent de neutraliser les itinéraires de dépôt sauvage les plus connus, tout en facilitant le contrôle des zones résiduelles.

Cette stratégie de « fermeture ciblée » s’adapte aux lieux et aux usages : on évite de pénaliser les promeneurs ou les cyclistes, tout en rendant matériellement impossible l’accès des véhicules aux points noirs chroniques.

🎥 Une surveillance mobile et intelligente

Mais ces aménagements ne suffisent pas à eux seuls. En complément, nous positionnons des caméras mobiles, à des endroits choisis en concertation avec les agents de terrain.

Ces caméras intelligentes permettent :

  • de documenter les dépôts en temps réel,
  • de capturer l’immatriculation du véhicule utilisé,
  • et de constituer un dossier répressif complet (date, heure, nature des déchets, nombre de passages, etc.).

La traçabilité du véhicule nous donne un levier juridique immédiat : grâce aux données transmises par la DIV, nous identifions le titulaire de la plaque. Cette donnée est suffisante pour enclencher la procédure administrative.

💸 Des sanctions exemplaires, jusqu’à la saisie

L’usage d’un véhicule motorisé dans le cadre d’un dépôt sauvage est considéré comme une circonstance aggravante. Nos fonctionnaires sanctionnateurs appliquent donc des amendes proportionnées à la gravité des faits.

👉 En moyenne, une infraction de ce type entraîne une sanction de l’ordre de 1 000 €.

Si l’amende n’est pas payée dans les délais légaux, nous confions le dossier à un huissier de justice, avec instruction claire : procéder à la saisie du véhicule, et imputer au contrevenant l’ensemble des frais d’enlèvement, de stockage et de procédure.

Cette fermeté est indispensable pour briser le sentiment d’impunité. Elle est aussi parfaitement assumée : il n’est pas acceptable qu’une minorité prenne la ville pour une décharge, aux frais de la collectivité.

🤝 Une coordination rigoureuse entre services

Ce travail ne pourrait être mené sans une coordination constante entre les services de constatation, les équipes juridiques, les agents de police et les huissiers partenaires. Chaque maillon a son rôle, mais tous partagent une même feuille de route : rétablir la légitimité de la règle et assurer l’effectivité des sanctions.

À cela s’ajoute une ambition plus large : déployer davantage de caméras, renforcer leur gestion logistique, former les agents à l’analyse rapide des images, et mieux prioriser les sites à équiper.

C’est dans cette articulation entre technologie, terrain et sanction que se construit une politique cohérente de lutte contre la délinquance environnementale.

🔍 Vers une stratégie durable, au service d’une ville respectée

La gestion des caméras à Charleroi n’est pas un gadget technologique : c’est un outil stratégique, pensé pour répondre de manière différenciée à des formes de délinquance bien identifiées.

Elle s’inscrit dans un continuum d’intervention : aménagement physique, surveillance intelligente, interpellation des auteurs, sanction effective, contact direct avec les habitants.

Ce modèle repose sur une vision claire de l’intérêt général :

  • protéger les riverains respectueux des règles,
  • isoler les comportements déviants,
  • réaffirmer la place de l’autorité dans l’espace public,
  • et préserver l’environnement urbain pour tous.

Les premiers résultats sont encourageants. Nous ne relâchons pas l’effort. D’autres caméras seront déployées, de nouvelles zones seront sécurisées, et les services continueront à travailler ensemble, dans le respect de chacun, mais avec la plus grande détermination.

📩 Si vous souhaitez contribuer à cette démarche ou partager votre expérience de terrain, n’hésitez pas à m’écrire à l’adresse suivante : eric.goffart@charleroi.be.

C’est collectivement que nous construirons une ville plus propre, plus juste et plus agréable à vivre.

#CharleroiVillePropre, c’est l’affaire de tous. On compte sur vous !

Ces articles peuvent vous intéresser

Le Don de Sang de Charleroi célèbre 90 ans de solidarité

Le Don de Sang de Charleroi célèbre 90 ans de solidarité

Ce samedi 8 novembre, le Centre de Délassement de Marcinelle vibrera au rythme de la solidarité. À l’occasion de son 90e anniversaire, l’ASBL Don de Sang de Charleroi organise son tout premier Gala, un événement festif dédié à une cause qui nous concerne tous : le don...

Recyparcs Tibi : deux jokers par an pour déposer jusqu’à 3 m³

Recyparcs Tibi : deux jokers par an pour déposer jusqu’à 3 m³

Vous devez évacuer une importante taille de haie ? Vous avez accumulé des gravats après une rénovation ? Bonne nouvelle pour les particuliers carolos : les règles de fonctionnement des Recyparcs Tibi prévoient une autorisation exceptionnelle, utilisable dans ce cas de...

Charleroi célèbre les Fêtes de Wallonie du 11 au 14 septembre 2025

Charleroi célèbre les Fêtes de Wallonie du 11 au 14 septembre 2025

Du 11 au 14 septembre, Charleroi vibrera au rythme des Fêtes de Wallonie. Concerts, spectacles, animations et moments de convivialité investiront les places emblématiques du centre-ville pour célébrer la culture carolo et ses racines. Jeudi 11 septembre L’ASBL Shop in...

.printfriendly a { background: white !important; padding: 0.5em; margin-bottom:2em; -webkit-border-radius: 2px; -moz-border-radius: 2px; border-radius: 2px; }